L’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui est le fruit d’idées ayant émergées au fil des siècles.
Il y a donc eu différents précurseurs à cette construction européenne, des penseurs et philosophes qui ont été sources d’idées et de projets ayant pour but de préserver la paix à l’échelle européenne.
Le projet de construction européenne trouve ses origines dans la pensée de l’abbé de Saint-Pierre (1658-1743). Dans les pas de saint Augustin, qui plaçait la paix au dessus des relations entre les personnes, l’abbé de Saint-Pierre a émis son ambition de construction européenne dans son ouvrage Projet pour rendre perpétuelle la paix en Europe en date de 1713.
A l’intérieur de celui-ci, il indique qu’une institution commune en Europe est la solution afin de faire régner la paix dans un continent marqué par les guerres. Il considère que les traités de paix sont inefficaces et ne permettent pas d’empêcher les conflits futurs.
Afin de nommer cette institution, l’abbé de Saint-Pierre fait référence à une « union européenne ». Il s’agit de la première fois que ce terme est utilisé. Sa vision s’avère novatrice puisqu’il avance que cette institution sera une autorité supérieure composée de représentants des États concernés.
Il indique de plus que les échanges commerciaux pourront être un vecteur de paix de bonnes relations entre les « souverainetés » d’Europe. Sur ce point également, le projet de l’abbé de Saint-Pierre s’avère être précurseur de la future Union européenne.
Ce projet de paix perpétuelle fut poursuivi par le célèbre philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1805). Inspiré par le projet de l’abbé de Saint-Pierre, Kant prône lui aussi le commerce transfrontalier en Europe afin de pérenniser la paix. Concernant l’institution européenne qu’il envisage, Kant fait mention d’une « fédération de peuple » respectant une seule constitution et un seul droit. Bien que le projet de Kant soit à l’échelle mondiale, ses travaux ont constitué la première ébauche d’un futur droit européen.
Toujours dans la vision fédéraliste, le philosophe anarchiste français Pierre-Joseph Proudhon (1805-1865) a pensé à un « contrat de fédération » qui consisterait à instaurer des règles communes pour les États confédérés tout en protégeant leur souveraineté. Pour Proudhon, la construction européenne passe donc par une décentralisation des pouvoirs. Il prône un équilibre entre la coopération et la diversité des pays européens.
Nous pouvons enfin mentionner que l’idée d’un projet commun européen a émergé en 1849, date à laquelle le célèbre écrivain français Victor Hugo a prononcé un discours lors du congrès de la Paix à Paris visant à trouver des solutions pacifistes après différentes guerres.
Congrès dans lequel il prédit la création d’ une « fraternité européenne ». Sa volonté était de voir les divers États européens se rassembler autour d’objectifs économiques communs afin que la paix puisse prévaloir. Le tout comprenant même un effacement des frontières entre États européens. « Soyons les États-Unis d’Europe » a même exhorté Hugo.
Les différentes visions d’une future Europe unie autour d’un projet mettant la paix et le commerce transfrontalier au centre des intérêts ont servi d’inspirations lorsque Robert Schuman a émis dans sa déclaration Schuman en date du 9 mai 1950 le projet d’une communauté d’états européens gérant communément le charbon et l’acier. En effet, ce projet avait pour but premier de garantir une paix permanente en Europe, et surtout de mettre fin aux conflits franco-allemands, à l’origine des deux guerres mondiales.