Symbole de l’élaboration d’un projet de construction européenne, Robert Schuman est indéniablement la personne ayant posé la première pierre de la construction européenne. Attaché à la France et à l’Allemagne, car allemand de naissance, Schuman est celui qui a convaincu différents chefs d’état en Europe que la préservation de la paix et la prospérité future passaient par un projet européen d’envergure.
Schuman : Un homme « franco-allemand »
Robert Schuman est né le 29 juin 1886 à Clausen, quartier historique de Luxembourg-ville. Il est né avec la nationalité allemande en raison de l’appartenance de la région Alsace Lorraine à l’Allemagne. Il devint cependant français lorsque la région est redevenue française suite à la Première Guerre mondiale. Polyglotte, Schuman parlait couramment le luxembourgeois (sa langue natale), l’allemand et le français.
Les cultures françaises et allemandes ont donc eu une influence sur le parcours et les idées de Schuman. D’autant plus que Schuman a étudié au sein des universités de Munich, de Berlin et de Strasbourg (qui porte aujourd’hui un IUT à son nom).
Une carrière troublée par la Seconde Guerre mondiale
Il est ensuite devenu avocat à Metz. Lorsque la Première Guerre mondiale eu lieu, Schuman ne fut pas enrôlé dans l’armée pour raisons de santé. A la fin de la guerre, il devint député de Moselle. Il entra au gouvernement durant le début de la Seconde Guerre mondiale.
Lorsque Pétain arrive au pouvoir, il reste au gouvernement sans être consulté. Il vote en faveur de la transmission des pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 mais refuse de suivre sa politique et rentre en Moselle.
Schuman entra dans la résistance mais fut arrêté par la Gestapo en automne 1940. Il parvint cependant à s’enfuir et à vivre de la clandestinité.
A la fin de la guerre, Schuman, résistant mais aussi ancien ministre sous Pétain est frappé d’indignité nationale l’empêchant d’occuper des fonctions politiques ou de voter par exemple. Il fut cependant blanchi par le Général De Gaulle en 1945 et reprit le cours de sa carrière politique.
Schuman fut par la suite nommé Président du Conseil (chef du gouvernement) en 1947 avant de devenir Ministre des Affaires étrangères entre 1948 et 1952. C’est durant cette période que Schuman a posé la première pierre de la construction européenne dans la fameuse déclaration Schuman en date du 9 mai 1950.
Le « Père de l’Europe »
Cette déclaration fut écrit par l’ami et collaborateur de Schuman, Jean Monnet, Commissaire général au Plan, chargé de préparer les projets économiques de la France, il y est fait référence à un projet dans lequel le charbon et l’acier seraient gérés de façon commune entre États européens.
L’objectif d’un tel projet est d’instaurer une paix et une amitié durable entre la France et l’Allemagne, ces deux États ayant été en conflit à trois reprises en moins de soixante-quinze ans.
Le choix de gérer communément le charbon et l’acier n’est pas un hasard puisque ces deux matériaux servent à l’armement, le but du projet est donc d’éviter une nouvelle menace pour la paix en Europe. Ce but est devenu le fil conducteur de la construction européenne et des traités qui ont suivi.
Ce projet français a convaincu Konrad Adenauer, le chancelier allemand, mais aussi le Luxembourg, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique.
C’est ainsi que seulement un an après la déclaration Schuman, le traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) fut signé par les six États fondateurs de la Communauté européenne aujourd’hui Union européenne le 18 avril 1951.
A la suite de ce premier pas historique, Robert Schuman est devenu en 1958 le tout premier Président du Parlement européen, poste qu’il occupera jusqu’en 1960.
Le 9 mai a été déclaré « Journée de l’Europe » par les dirigeants européens lors du Conseil européen de Milan de juin 1985 afin de rendre hommage à Robert Schuman et à son héritage qui a été le point de départ de la construction européenne.
Le 4 septembre 1963, Robert Schuman décède à Scy-Chazelles, en Moselle. Sa maison appartient désormais au département de la Moselle qui en a fait musée retraçant sa carrière et son apport à la construction européenne. Sa tombe, quant-à-elle, a été transférée à l’église Saint Quentin située à proximité de la maison de Schuman.