Le 1er janvier 2021, l’accord post-Brexit a pris effet. L’objet de cet accord est de poser les bases de la future relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
Dans ce texte, une partie importante portait sur le domaine de la pêche.
L’accord stipule que les prises dans les eaux britanniques baisseront de 25% d’ici à 2026 pour l’Union européenne. La contrepartie étant un effacement des droits de douane pour les produits britanniques.
Cet accord n’est cependant pas respecté par l’île de Jersey, dépendante du Royaume-Uni, qui impose des restrictions aux pêcheurs d’États membres de l’UE.
Comment cette situation nuit-elle aux relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ?
I] Des pertes économiques importantes pour les pêcheurs
– Cette situation est sérieuse pour la principale raison que des régions et des ports sont dépendantes de leur pêche dans les eaux britanniques. La majeure partie des pays d’Europe de l’Ouest opère dans les eaux britanniques pour leur pêche.
A titre d’exemple, plus de 30% de la pêche française vient des eaux britanniques.
Un chiffre plus éloquent : l’Union européenne pêche pour 700 millions d’euros par an dans les eaux britanniques
Par comparaison, le Royaume-Uni pêche « seulement » pour 154 millions d’euros par an.
– Ainsi, à ce jour, seulement 41 navires français ont été autorisés à pêcher dans les eaux britanniques de Jersey sur les 344 demandes de licences. Cette manœuvre imprévue s’est accompagnée de restrictions quant aux zones de pêche autorisées, au nombre de jours en mer par an autorisé et même aux types de bateaux autorisés pour pêcher.
Autant de limitations qui encombrent gravement l’activité des marins pêcheurs européens et qui a aussi des effets négatifs pour les britanniques.
– En effet, l’Union européenne pense à la possibilité de limiter l’accès aux marché financier européen pour les sociétés britanniques. Le Royaume-Uni n’a donc aucun intérêt à entrer en conflit avec l’Union européenne car celle-ci constitue son premier partenaire commercial.
👉 73% des poissons pêchés par les britanniques sont vendus dans l’Union européenne.
Ainsi, le Royaume-Uni a tout intérêt a ne pas refroidir ses relations diplomatiques et commerciales avec l’Union européenne.
II] La résurgence de tensions entre le Royaume-Uni et l’UE
– Tout d’abord, il faut noter que l’île Jersey est dépendante du Royaume-Uni cependant elle dispose de sa propre administration. C’est donc Jersey qui a pris la décision de mettre en place ces restrictions.
En effet, l’accord de la baie de Granville qui édictait les règles liées à la pêche pour le baillage de Jersey a été rendu caduc par l’accord post-Brexit (article FISH 19).
– Cet épisode s’inscrit dans un climat de tension entre l’UE et le Royaume-Uni. Période ayant débutée lors du vote en faveur de Brexit le 23 juin 2016.
S’en est suivi un long et tumultueux processus ayant conduit à la signature en décembre dernier de l’accord post-Brexit. Ce accord semble cependant être un compromis entre l’UE et le Royaume-Uni afin d’éviter l’hypothèse d’un « No-Deal ».
« No-Deal » = hypothèse où il n’y aurait eu aucune disposition sur les relations UE/Royaume-Uni.
– L’accord post-Brexit est donc ici déjà violé par le Royaume-Uni.
Face à cette situation, les restrictions ont été suspendues jusqu’au 1er juillet afin de calmer les tensions, ce qui semble très insuffisant face à l’ampleur de cette crise.
La France a donc indiquée qu’elle est prête à prendre des mesures de rétorsions afin de contrer ces restrictions.
– Il convient d’ajouter que ces tensions entre le Royaume-Uni et l’UE s’amplifient dernièrement puisque la Commission européenne a mis en demeure le 15 mars dernier le Royaume-Uni pour la violation du protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord. Il s’agit donc ici d’une nouvelle entorse faite par le Royaume-Uni au droit international.
Bon article, j’ai appris beaucoup de choses.
Merci.
Bien heureux d’avoir pu vous éclairer sur ce sujet de grande importance.