I) Ce que dit l’accord post-Brexit : protocole sur l’Irlande du Nord
L’accord post-Brexit mis en place par le Royaume-Uni et l’Union européenne depuis le 1er janvier dernier est le résultat d’âpres négociations entre ces deux parties.
L’un des points importants de ce texte portait sur les dispositions concernant l’Irlande du Nord. Ce point est d’ailleurs la raison pour laquelle les négociations ont été aussi longues et tendues.
❗❗❗ Le Brexit présente le risque de créer un effet domino et de raviver les tensions entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Ce conflit de longue date s’est intensifié à la fin des années 1960 pour prendre fin avec l’accord du Vendredi saint du 10 avril 1998.
Le spectre d’un Brexit dur (= sans accord) aurait signifié le retour d’une frontière dure entre ces deux territoires et le risque de tensions.
💥 Des affrontements ont eu lieu en avril dernier.
Afin d’éviter ce scénario, l’accord post-Brexit comprend le protocole sur l’Irlande du Nord dans lequel il est stipulé que l’Irlande du Nord reste dans le marché unique en dépit de son rattachement au Royaume-Uni.
Les objectifs de l’Union européenne avec ce protocole sont indiqués dans son préambule. Il y est posé que l’Union européenne :
- veut éviter une frontière dure entre l’Irlande et l’Irlande du Nord = pas de contrôles douaniers, pas de vérifications
- souhaite éviter les contrôles dans les ports et les aéroports d’Irlande du Nord
- donne un libre accès pour les marchandises allant de l’Irlande du Nord vers le Royaume-Uni
Ce protocole pose que des contrôles douaniers sont mis en place pour les marchandises venant du Royaume-Uni + droits de douane pour les marchandises entrant en Irlande du Nord.
Cette partie de l’accord est mal perçu par le parti unioniste car il considère que ces dispositions ignorent le rattachement de l’Irlande du Nord au Royaume-Uni. Afin de calmer l’hostilité du parti unioniste, Boris Johnson a obtenu une période de grâce jusqu’au 30 juin.
👉 Le protocole s’appliquera à partir du 1er juillet, le Premier ministre britannique est donc dans l’urgence de trouver une solution à ce problème majeur.
Boris Johnson a donc tancé l’Union européenne et ses principaux leaders durant le G7 afin d’obtenir des modifications de ce protocole.
II) Le (dangereux) rétropédalage du Royaume-Uni
L’accord post-Brexit et son application par le Royaume-Uni ont été remis en question à l’occasion du G7 (11-13 juin) par Boris Johnson. Le Premier ministre britannique souhaite modifier les dispositions liées au protocole sur l’Irlande du Nord.
Comme indiqué précédemment, ce revirement soudain s’explique par les critiques que subit Johnson de la part des unionistes.
Sous pression, Boris Johnson a ainsi indiqué aux leaders européens (⇒ Emmanuel Macron et Angela Merkel) qu’il n’hésiterait pas à violer l’accord signé afin de permettre des échanges commerciaux libres entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord.
En effet, ce protocole conduit aussi à l’interdiction d’importations de produits britanniques déterminés tel que la viande réfrigéré ou le poulet par exemple. C’est sur ce point que les tensions qui ont marqué le G7 ont débuté.
👉 Le nom « guerre des saucisses » vient d’un échange tendu entre Boris Johnson et Emmanuel Macron :
- Selon des sources britanniques, lors d’un entretien avec le Président français, Boris Johnson l’a interrogé sur l’impossibilité pour le Royaume-Uni de vendre des saucisses à l’Irlande du Nord. Il a ainsi comparé cette situation a une impossibilité pour la France de vendre des saucisses en provenance de Toulouse à Paris.
- Ce a quoi le Président français a rétorqué que ces deux villes faisaient parties du même pays. Cette phrase a fortement déplu au leader anglais car cela suppose que l’Irlande du Nord et le Royaume-Uni ne feraient pas partie du même pays.
Cet échange houleux a encouragé Boris Johnson à brandir la menace de ne pas respecter l’accord post-Brexit. Le Royaume-Uni pourrait donc faire usage de l’article 16 du protocole permettant de prendre des mesures unilatérales de sauvegarde. Le but de ce type de mesure est pourtant d’être le moins nuisible possible au protocole en question.
🔴 Edwin Poots, leader du parti unioniste, a de plus écrit au président Macron afin de lui exprimer son désaccord sur la question nord irlandaise et de lui rappeler l’accord de paix de 1998.
Suite à ces menaces, l’Union européenne a indiqué qu’elle serait prête à prendre des mesures de rétorsions en cas de violation de l’accord post-Brexit. Cette situation est donc encore loin d’être résolue 👎.
Selon la presse britannique, un nouveau report serait même envisagé. Le Royaume-Uni se trouve donc dans une impasse.