Jean Monnet, le moteur

Jean Monnet, moteur de la construction européenne
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La construction européenne s’est faite sous l’impulsion de plusieurs dirigeants. Cependant, certains ont davantage œuvré dans l’ombre. Tel était le cas de Jean Monnet. En effet, il n’occupa jamais de poste de premier plan pourtant son apport dans le projet économique et politique européen a été majeur.

Une ascension précoce

Jean Monnet est né à Cognac, en France, le 9 novembre 1888 au sein d’une famille spécialisée dans la négociation de cognac. Ayant montré à un âge précoce des qualités de négociateur, Monnet est envoyé par son père à Londres afin de se former et quitte donc l’école à seulement 16 ans.

Lorsque la Première Guerre mondiale eut lieu, Monnet n’a pas intégré l’armée française pour raisons de santé. Cependant, il resta actif puisqu’il fut intermédiaire entre la France et ses alliés sur les questions économiques.

A la fin de la guerre, à seulement 31 ans, il fut nommé secrétaire général adjoint de l’éphémère Société des Nations grâce au soutien du ministère des affaires étrangères français.

Par la suite, il fit fortune dans la vente de cognac aux États-Unis, ce qui lui permis de créer sa propre banque et de prendre du poids dans l’économie mondiale.

Un conseiller international

Fort de son influence grandissante, Jean Monnet conseilla divers pays d’Europe de l’est et la Chine pour leur politique économique.

Volontaire et actif durant la Seconde Guerre mondiale, Monnet travailla afin de lier en vain les efforts franco-britanniques. Durant cette période, il devint également conseiller du président américain Roosvelt.

Un destin européen

La Seconde Guerre mondiale n’est pas encore terminée lorsque Monnet émet l’idée d’une organisation réunissant les États d’Europe.

Peu partisan de la souveraineté nationale, il déclara en août 1943 que la paix est impossible si les États d’Europe « se reconstituent sur une base de souveraineté nationale ». Seule une fédération de ces États d’après lui peut mettre fin aux tensions.

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, après avoir participé aux négociations autour du Plan Marshall, Jean Monnet, alors Commissaire général au Plan, a écrit la Déclaration Schuman du 9 mai 1950.

Déclaration dans laquelle le ministre des Affaires étrangères émet l’idée de gérer communément le charbon et l’acier au sein de l’Europe. Le but étant d’instaurer une paix durable entre la France et l’Allemagne.

Cette déclaration a donné naissance à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) entrée en vigueur en 1952, organisation à l’origine de la future Union européenne. Jean Monnet fut à ce titre nommé président de la Haute Autorité de la CECA.

Nous pouvons ajouter que Monnet souhaitait faire de la ville de Luxembourg la capitale de son projet de fédération européenne, à l’image de ce que Washington est aux États-Unis. Cependant, Bruxelles fut préférée comme « ville » de l’Europe.

Par la suite, Monnet a mis en place un groupe de pression appelé le Comité d’Action pour les « États-Unis d’Europe », nous constatons donc sa volonté de créer une véritable fédération à l’échelle européenne.

Son comité conduira à l’avancée majeure que représente la création du marché commun en 1957. L’objectif premier de Monnet étant à terme de fonder une « union politique » tel qu’il le mentionne dans ses Mémoires.

Force d’idées, Monnet propose en 1973 la création d’un gouvernement européen, cette idée donne naissance au Conseil européen.

Monnet a donc joué un rôle moteur dans la construction européenne bien qu’il n’ait jamais occupé de poste important ou de ministère. De plus, il n’avait aucun diplôme universitaire mais sa volonté et son caractère lui ont permis de réaliser ses projets et de convaincre les leaders européens que sa vision était la bonne.

Cela montre toute l’activité et l’ardeur de cette homme à vouloir construire une organisation capable de maintenir la paix en Europe.

A l’âge de 91 ans, Jean Monnet décède dans sa maison à Houjarray le 16 mars 1979. Le 9 novembre 1988, 100 ans après sa naissance, un hommage national lui est rendu et ses cendres furent transférées au Panthéon.

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